Le monde sous silence II
Installation visible chez Manuella éditions,
Vernissage samedi 6 février à 18h
Du samedi 6 au samedi 13 février 2016
samedis de 14h à 20h et semaine de 14h à 18h
34, rue de Lancry, 75010 Paris
Pénétrer les lieux et entendre le bruissement d’une conversation à plusieurs voix dont les bribes audibles sont ce matériel iconographique contenant le mot MONDE et collecté par Emilie Benoist suite à différents appels à participation.
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La première installation Le monde sous silence, présentée au centre d’art image / imatge à Orthez en avril 2015, rassemblait cent vingt photogrammes de couvertures de livres. Pour ce second déploiement du projet, la plasticienne n’a pas moissonné des ouvrages mais des images, via une page Facebook et une boîte à courriels créées pour l’occasion : une autre manière d’interroger la circulation et la transmission des informations.
Présentée chez Manuella éditions, l’installation regroupe désormais deux cent dix photogrammes. Le passage des images au gris* fait basculer ce nécessaire inventaire du monde, pour reprendre la formule de J. G. Ballard, dans un mode d’existence liminal, à la lisière de la conscience. Les titres, les illustrations et les notes manuscrites se donnent tantôt à l’endroit, tantôt à l’envers, toujours en négatif, apparaissant, fantomatiques, tels des souvenirs ou des réminiscences.
Quoiqu’agencés dans l’espace par l’artiste, ces fragments épars du MONDE organisent de vastes cartographies dynamiques, se modifiant au gré des déplacements ou des rapprochements opérés mentalement par les visiteurs. On retrouve dans ce projet satellite tout le travail d’Emilie Benoist : des paysages d’une implacable minéralité où s’amorcent des fictions spéculatives sur l’évolution de ce MONDE, des fictions documentées, merveilleuses, hallucinées, nous parlant de mémoire, de collection et de recollection, de notre connaissance allusive des choses, irrémédiablement allusive.
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Mais le passage au gris, c’est celui du photogramme, œuvre de la lumière. C’est aussi celui du carbone, paradoxal dénominateur commun du vivant avec son dérivé: le graphite présent, dans une grande part de sa production. On songe alors à Aragon, justifiant son art, dans la préface d’Aurélien et, pour ce faire, citant Paul Valéry : « le difficile, c’est de faire le gris ». Aragon y évoque son effort de banalisation des personnages et des situations afin de toucher au plus près l’humain ; comme ici, où familiarité et récurrence des références rendent compte d’espaces de représentations partagés.
* Au sens quasi alchimique : la transformation / transmutation de la matière étant centrale au travail d’Emilie Benoist.
Texte de Marie Cantos
Remerciement aux contributeurs:
Les photogrammes ont été réalisés lors de deux Résidences au Studio Dust à Ivry sur Seine, fondé par Thomas Fougeirol. Manuella éditions, Michel Baverey et Manuella Vaney, le centre d’art image / imatge et la Médiathèque Jean-Louis Curtis à Orthez, Jean-Marc Terrasse, Amnesty International/France, Bibliothèque Centrale du Muséum national d’Histoire Naturelle à Paris, Bibliothèque Oscar Wilde à Paris 20ème, Sandra Aubry et Sébastien Bourg, Marie Cantos, Jeanne et Edouard Hollande, Juliette et Katherine Tisné, Edouard Challe, Marie-Amélie Clerc, Grégory Panteix, Elvire de Maintenant, Dimitri Salmon, Laurence de Leersnynder, Bettie Nin, Stéphanie Godart, Marko Prelec, Marion et Sylvie Sorant, Hugues Latrobe, Anne et Tanneguy de Jorna, Ivan Guibert, Aurélie Chatelard, Laure de Lattre, Julien et Dimitri Sirjacq, Yves, Yvan et Bertille Benoist-Gironière, Liliane et Joël Bouchaud, Jean Luc Dufay,, Floriane Michel, François de Bordas, Julio Villani, Sylvain Kermici, Aude de Bourbon Parme, Carole Leroy, Henri Lefebvre, Frédéric Dumont, Anita Gauran, Guillaume Ruffat, Christophe Pichon, Alexandra Noat-Dumeste, Raphaël Renaud, Dominique Meimoun, Etel Adnan, Christophe de Fabry et Judith Schoffel, Michel Grinberg ...
© Emilie Benoist. Le monde sous silence II, 2016.
Deux cent dix photogrammes. Dimensions variables